Puivert

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Un château unique dans l’histoire des forteresses du midi. « Une introduction au Languedoc courtois » comme le dit si bien Michel Roquebert. Château des troubadours avant d’être place de guerre, château de rêve où l’on se plaît à oublier le bruits des armes pour le son des luths et des vielles. On y tint cour d’amour dès 1150 autour de Pierre d’Auvergne qui y composa des poèmes pour Ermengarde de Narbonne.

Mais le castel tel qu’il apparaît aujourd’hui n’est que celui du XIVème siècle, postérieur à la grande épopée de la croisade. L’ancien château existe encore, bien que délabré et détruit au cours des siècles par les habitants des alentours venus prendre, ici une cheminée là une pierre sculptée ailleurs des fragments complets d’appareillage.

Il était une demeure de seigneurs puissants dont la souche se perd dans la nuit des origines des familles occitanes. Bernard de Congost en était le maître vers 1200. Il était le beau-frère de Ramon de Péreilhe, seigneur de Montségur et comme son épouse Alpaïs, il était cathare. Lui-même mourut « consolé » à Montségur en 1232 quant à leur fils Gaillard, il fera partie de l’expédition contre les inquisiteurs d’Avignonet en 1242. La vaste cour était ceinturée de quatre tours différentes les unes des autres. Il faut imaginer ici une véritable ferme, mieux encore un village autonome avec ses artisans, son organisation interne, ses marchands. Diverses maisons ou échoppes devaient être construites de part et d’autre de cette cour. La « tour bossue » aux pierres taillée en bossage est mentionnée dès 1376 et est encore en assez bon état. Tandis que la grande tour d’angle qui joignait la face est et la muraille sud du château a entièrement disparue depuis 1825

Au centre de cette paroi sud trône la « tour Gailharde » dite aussi « tour des chiens » qui vient de faire l’objet d’une superbe restauration de la part de l’actuel propriétaire. Car Puivert est le seul des grands châteaux dits cathares qui soient demeuré propriété privée. Aujourd’hui, cette tour, jadis totalement ruinée, est actuellement habitable sur trois niveaux. Anecdote amusante, alors que l’on a dit - un peu légèrement compte tenu de l’époque de sa construction postérieure à la croisade - qu’elle devait son nom de « tour des chiens » aux hérétiques qui y auraient été enfermés, le propriétaire vient de découvrir, voici un an, une trentaine de squelettes de ces animaux sans doute jetés là par les habitants du village. Les légendes sont parfois farceuses !

Le siège de Puivert dut avoir lieu vers 1211 et dura quelques jours à peine. Il fut d’abord donné à Lambert de Thury par son ami Simon de Montfort puis revint un peu plus tard aux mains des seigneurs de Bruyères qui se partagèrent le Quercorb avec la famille de Lévis (cf. . M.Roquebert in « citadelles du vertige »). Les anciens propriétaires ne s’étaient pas avoués vaincus et ils reprirent leurs biens une première fois partout dans le pays après la mort de Montfort puis encore plus tard après la dernière révolte de Trencavel en 1240. Enfin confirmée dans leur fief, les seigneurs de Bruyères conservèrent celui-ci environ un siècle. Ensuite le château connut plusieurs maîtres, les Voisins, les Joyeuse, les Tournebouich. A la Révolution, sérieusement endommagé, il fut vendu. Il est à nouveau aujourd’hui entre les mains d’un passionné qui se consacre à sa restauration.

Le grand donjon est très impressionnant avec ses trente mètres de hauteur. Il présente quatre salles : une salle romane souterraine à laquelle s’accroche une tenace légende de conduit artificiel caché qui sortirait loin de là dans les champs et une autre, romane également, en rez -de -chaussée d’une sobre élégance ainsi que deux superbes salles hautes, dénommées respectivement « la chapelle » et « la salle des musiciens » en mémoire des magnifiques figures d’instrumentistes qui y figurent. Au centre de la voûte de la première, nervurée six fois, se trouvent deux personnages dont l’un couronne l’autre. Dieu le père et la Vierge dit-on. On peut le penser mais rien ici n’est sur.

Plus haut, il faut compter quarante-sept marches d’escalier pour accéder à cette « salle des musiciens » qui s’ouvre par trois fenêtres sur les faces est, sud et nord du château. La clé de voûte porte ici les armes des Bruyères et des Melun qui occupèrent la bâtisse après la croisade et durant des décennies.

Ces dernières années, l’escalier qui mène sur l’immense terrasse du donjon a également été restauré par le propriétaire et se trouve à nouveau libre d’accès. On contemple de là-haut l’un des plus beaux coups d’oeil qu’il soit et la vue porte d’un côté jusqu’à Montségur , de l’autre au Bézu (Albedun) et même au pech du Bugarach et sur l’horizon des Corbières.

Contact : 04-68-20-81-52

Le site du château www.chateau-de-puivert.com

Autres renseignements :Ouvert : toute l’année


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